Au milieu de
toutes les retranscriptions de test, vous vous demandez si j’ai encore une
volonté, une envie de me mettre à mon compte ? Eh bien oui, et la preuve,
c’est maintenant.
Introduction
Le studio de
développement américain Monolith Productions,
créé en 1994, est racheté par Warner Bros en 2004. Avant cette
année-phare, il a été responsable de plusieurs jeux de tirs à la première
personne dont seule la fin des années 90 a le secret, avec notamment la série Blood, héritière des Doom et des Duke
Nukem. Après un jeu de réflexion intitulé Gruntz en 1999, et un bon Alien
vs Predator 2 en 2001, et puis
des tas d’autres jeux dont on n’a pas le temps de parler, c’est le rachat. La
période est au jeu d’horreur, puisque le studio se met à développer la série F.E.A.R. qui porte assez bien son nom,
déclinée entre l’épisode original en 2005 et sa suite en 2009, et la série Condemned, avec un opus en 2005 et le suivant
en 2008. Sort en 2012 un « free to play » appelé Gotham City Impostors, un jeu de tir loufoque.
On arrive dès lors
à la période Seigneur des Anneaux. New Line Cinema, qui a produit la
trilogie filmique Seigneur des Anneaux, est en effet une filiale de Time
Warner. Or, Time Warner possède Warner Bros, qui possède Monolith
Productions. Vous suivez ? Au passage, Time Warner est un
« trust », un bon gros conglomérat d’entreprises, et on y retrouve
outre les deux filiales citées au-dessus Hbo Films, la chaîne
d’information CNN, le magazine Time, DC Comics… Le
capitalisme mes amis. En tous les cas, on retrouve un M.O.B.A, acronyme barbare
désignant les Multiplayer Online Battle Arenas, soit des arènes multijoueurs et
en ligne où se retrouvent des joueurs pour se taper dessus : c’est Guardians of Middle-Earth, en 2012. Et on en
arrive enfin à la toute dernière production du studio en 2014, et pas des
moindres, Middle-Earth : Shadow of Mordor.
Il a été
récompensé quatre fois comme jeu de l’année, soit « Game of the
Year » : le site GameSpot, le site Giant Bomb fondé par des anciens
de GameSpot, le site Joystiq, fermé en 2015 par AOL, et enfin à la « Game
Developers Conference ». N’oubliez pas que le jeu vidéo c’est du business
à plein nez.
"M'ont-ils fait un jeu respectueux de mon univers ?" Désolé papy |
Inutile de
présenter le Seigneur des Anneaux, une partie d’une œuvre dantesque créée par
Tolkien et adaptée par Peter Jackson au cinéma dans les années 2000, et qui a
acquis une grande popularité. C’est de l’heroic-fantasy, c’est bourré de
légendes et d’événements, et c’est impossible à résumer. Pour les néophytes,
nous nous retrouvons dans le jeu de Monolith avant la période couverte par la
trilogie. Le seigneur des ténèbres Sauron retourne au Mordor, surveillé depuis
sa chute par des rangers du Gondor, un royaume humain. Talion, qui ne fait bien
sûr par son prénom aucune référence à une quelconque loi de Babylonie, perd
rapidement sa famille, mais aussi sa vie. Malheureusement pour lui, et
heureusement pour nous, il se retrouve incapable de mourir, et devient l’hôte
d’un mystérieux spectre elfe. Et c’est maintenant le moment de se venger :
œil pour œil…
I. Une
action frénétique
Après cette longue
introduction qui ne vous a strictement rien appris, on arrive dans le cœur du
jeu, et, contrairement à tous les jeux que je vous ai présenté, c’est beau. Eh
oui, ça nous arrive d’aimer la modernité, moi et mon PC.
Ce qu'il faut pour Dominions 4 |
Rapidement, le jeu
se présente comme un monde ouvert où des orcs patrouillent, coursent des
esclaves ou se font bouffés par des bêtes féroces. Au milieu de toute cette
brutalité, on se retrouve à sauver des esclaves, à récupérer des runes magiques
ou des objets, objectifs secondaires totalement inutiles au passage, mais on va
y revenir.
C'est beau le Mordor hein ? |
Armé d’une dague
pour l’infiltration, d’un arc pour le tir à distance, et d’une épée pour des
corps-à-corps bien gras, Talion est paré pour le massacre. Et massacre il y
a : vous tuerez des centaines d’orcs au cours de vos pérégrinations, et
suivant vos objectifs, il faudra user de tel ou tel instrument de mort. S’il
n’y a rien à dire sur le tir et la furtivité, à part que le tir est limité mais
offre un léger ralenti sympathique, c’est le corps-à-corps qui forme le centre
du jeu.
Je t'ai vu ! |
On se retrouve
dans un système de combat à la Batman, comme tous les jeux d’action qui ne
veulent rien inventer, et ça marche très bien : parade pour assommer
n’importe quel ennemi qui essaie de vous toucher, sauter par-dessus les ennemis
pour arriver dans leur dos, plonger sur les côtés pour esquiver les
projectiles, enchaîner les coups grâce aux pouvoirs spectraux, et utiliser vos
compétences bien gores à souhait, voilà ce qu’on attendait d’un Shadow of
Mordor. Tous les huit puis cinq coups, votre épée s’enflamme et permet de un à
deux coups extraordinaires, où le temps se fige pour exécuter un de vos ennemis
de la manière la plus stylée possible, pendant que les têtes volent et que vous
enfoncez votre épée jusqu’à la garde.
Chante ! |
II. Un
système de Némésis efficace
Némésis, la déesse
de la juste colère grecque qui nous a donné ce mot pour désigner notre ennemi
juré, voilà le nom trouvé par les développeurs pour un système ma foi
intéressant. Les orcs sont divisés entre troufions de base, capitaines et chefs
de guerre. Si un troufion de base vous tue, il est promu, si un des généraux
vous tue il évolue. Il faut savoir que tout ce petit monde se massacre
allègrement dans des fêtes, des embuscades, des duels, des trahisons, sans même
que vous ayez besoin de lever le petit doigt. A n’en pas douter, vous pouvez
utiliser les uns et les autres.
Tuez tuez tuez, tuez les tous ! |
En tous les cas,
l’un a peur du feu, l’autre des bêtes sauvages, mais vous trouverez toujours un
gus plus fort que les autres, qui a des compétences écrasantes et des gardes du
corps efficaces. Vous pouvez mourir en boucle sans souci dans ce jeu.
III. Un
manque absolu de respect envers Tolkien
Vous débloquez vos
compétences au fur et à mesure de l’avancée de vos niveaux, obtenus en tuant,
tuant et tuant encore. Les compétences sont extrêmement variées : flèches
explosives, exécutions multiples, capacité de dominer une bête en un coup,
terroriser les ennemis en sortant des fourrés et en assassinant brutalement un
orc au milieu des siens.
Vous avez aussi de
l’argent (spectral ?), acquis en faisant des missions bonus, et en
récupérant des artefacts et autres joyeusetés. C’est très long, ça fait
cavaler, c’est pas forcément très intéressant, mais vous débloquez ainsi plus
de flèches, des runes pour vos armes et surtout des compétences permettant
d’enchaîner pendant quelques secondes des exécutions sur des ennemis à la
chaîne. Les runes, vous les débloquez en tuant des gradés, ça permet de lustrer
vos armes de la manière la plus seyante possible .
Mais, car il y a
toujours un mais, Shadow of Mordor a un rythme assez particulier. D’abord,
l’histoire se fout de la gueule du monde. Exit Tolkien, on réinvente le
Mordor : les Wargs sont devenus des Caragors, les Trolls des Graugs, on a
que des Uruks en face, on se bat contre les gradés de Sauron, et on se fait
aider par un mystérieux elfe plus ou moins important, on redécouvre Gollum et
les goules font leur apparition ! Chouette ? Non !
A part un début
très prometteur, on s’ennuie un peu dans la quête de revanche d’un héros qui
fait ou le héros, ou une gueule tristounette et pas très à l’aise. Tolkien
n'aurait pas forcément apprécié ce jeu, mais se serait bien marré à découper de
l'orc.
Bouge pas, j'arrive ! |
Parfois, on trouve
des missions qui nous prennent aux nerfs, mais c’est surtout dû à la jouabilité
exceptionnelle du titre. Les objectifs secondaires sont complètement
fades : vous aidez des esclaves dans des dizaines de missions, et pourtant
il y en a encore plein partout, vous récupérez des artefacts et vous avez le
droit à un simple commentaire, vous améliorez vos armes à fond et elles
changent juste de couleur. Décevant
Conclusion
Tous les défauts
qui peuvent paraître rédhibitoire à quelques-uns ne m’ont pas empêché de finir
le jeu à 95%. Seulement, il faut y jouer avec de petites tranches horaires, une
heure par-ci, une heure par-là, à crapahuter dans un Mordor complètement
illégitime pour se battre de manière spectaculaire contre des ennemis qui
valent, eux, le coup.
C’est un très bon
jeu d’action, un mauvais Seigneur des Anneaux et un jeu aux médiocres objectifs,
mais si vous le trouvez en promo, il faut l’avoir pour comprendre.