Il y a quelques mois, je réalisais un deuxième test sur la Gazette du Wargamer, et c'est celui-là que vous avez l'insigne honneur de lire aujourd'hui (ou demain). Allons-y !
Introduction
Les polonais du studio de développement Creative Forge,
confortablement installés à Varsovie depuis 2011, viennent de sortir
leur nouvelle production vidéoludique intitulée Hard West. Si leur premier jeu, Ancient Space, sorti en septembre 2014 avec l’aide de Paradox Interactive, lorgnait du côté de Relic Entertainment et de leur excellent Homeworld (1999), leur dernière production tend du côté du XCOM de Firaxis, qui a fait un retour triomphant en 2012 avec Enemy Unknown, puis Enemy Within
en 2013, et reviendra d’ailleurs avec un second volet en février
prochain.
Peut-être lâchés par Paradox à cause des notes peu reluisantes
de la presse et des joueurs concernant Ancient Space, les développeurs ont dû lancer une campagne Kickstarter pour terminer Hard West.
Le résultat est là, sur 70 000$ demandés, 94 000$ ont été récoltés et
surtout Creative Forge a pu obtenir le soutien d’un autre éditeur,
Gambitious.
I. Principes du jeu
Comme son aîné XCOM dont Hard West s’inspire donc
beaucoup pour les combats, on se retrouve avec un jeu tactique en tour
par tour où l’on dirige jusqu’à quatre personnages face à des groupes
d’ennemis, démons et mort-vivants ou non. On peut personnaliser nos
héros, leur rajouter des compétences, de l’équipement avant la bataille.
Au moment du combat vos personnages ont deux points d’action,
permettant de se déplacer deux fois, tirer une fois ou se déplacer et
tirer. Le positionnement de vos personnages est vital : vous devez vous
poster derrière des couverts, éviter de vous faire flanquer ou prendre à
revers. On trouvera sur le terrain soit des abris offrant un couvert
partiel, soit un couvert total, protégeant ainsi plus ou moins bien
selon les cas.
Format tactique en perspective. |
Chaque arme a ses propres dégâts et spécificités, et chaque
compétence permet d’autoriser un peu plus de subtilité, comme le
cannibalisme pour manger les cadavres et récupérer de la vie, le
ricochet pour utiliser le décor, et d’autres compétences parfois assez
violentes.
Equipez vos héros avec de l'équipement et des cartes de compétences. |
Les personnages ont bien sûr les points de vie, et à zéro sans
surprise c’est la mort. On trouve aussi de nouvelles subtilités non
présentes dans XCOM, comme la possibilité d’utiliser le décor
pour par exemple enfermer des gardes ou lever une planche pour se
protéger derrière. La chance est aussi un facteur particulier influant
sur le gameplay. Chaque tir reçu diminue votre chance. Quand celle-ci
est épuisée, vous prenez des dégâts, et ce même à couvert (les dégâts
sont réduits dans ce cas). A force de subir des dégâts vous vous
approcherez du seuil de la mort mais heureusement vous gagnerez alors
des points de chance.
Désarmez vos ennemis en utilisant l'infiltration. |
Contrairement à XCOM où quand vous avez un pourcentage de
chance de toucher, et où vous pestez devant votre ordinateur quand le
tir ne touche pas, vous avez ici un système qui vous pousse à tirer sur
la cible même avec de mauvaise chance de succès. Si vous ne lui faites
aucune blessure, vous aurez tout de même la satisfaction d’avoir réduit
sa chance, et au prochain tour il sera plus possible que vous la
touchiez. Du coup, ce qu’il faut c’est surveiller ses points de chance,
d’autant plus que certaines compétences demandent aussi de la chance
pour fonctionner. Cet équilibre est assez intéressant à gérer.
II. L’ambiance glauque et réussie de la campagne
Hard West comporte huit scénarii différents, chacun disposant de sa
propre carte, objectifs et personnages. Toutefois, ces scénarii sont
liés dans le sens où on les débloque au fur et à mesure, et surtout dans
le fait que des références à des événements ou des personnages d’autres
scénarii sont distillées dans les différentes missions.
Ca commence bien ! |
Quel que soit le scénario choisi, vous vous baladerez sur la carte
principale, dans des villes, des mines d’or, des cimetières, des
maisons. Sur place, vous avez le choix entre différentes actions, comme
parler aux gens, recruter un mercenaire, et demander du travail. Vous
avez des missions principales et secondaires, et c’est en fonction de ce
que vous faites que vous gagnez ou non des cartes de compétence, de
l’équipement supplémentaire, des bonus ou des malus dans vos
caractéristiques, etc.
Belles couleurs bien glauque pour la carte de campagne. |
Mais tout ça ne serait rien sans l’ambiance exceptionnelle de Hard West. Celle-ci est glauque à souhait, rappelant fortement Darkest Dungeon, portée par une musique évoquant l’horreur, le western, et la mélancolie (musique du compositeur de The Witcher III
au passage). Le narrateur, appelé « Death », raconte l’histoire d’une
voix froide et traînante, dans des menus ternes, une carte aux couleurs
sombres et durant des combats sanglants à souhait. Rajoutez-y les
bruitages des armes, le rechargement des fusils à répétition ou des
pistolets, les compétences permettant de tuer plusieurs ennemis d’un
coup, en tirant dans le tas ou en aspirant leurs âmes, et vous avez un
jeu impeccable dans son ambiance. Quant aux histoires, elles sont liées à
la violence humaine, à la bestialité, et aux démons, le tout formant un
Wild Wild West dégénéré.
Conclusion
Hard West, vendu vingt euros, est un jeu brutal, sanglant à
souhait, glauque, qui ne fait aucun cadeau au joueur en mode « ironman »
n’autorisant alors aucun échec. C’est un petit jeu prenant, avec une
durée de vie satisfaisante même si on aura moins envie de refaire les
chapitres de la campagne après leur fin, mais à coup sûr un jeu qui
emporte le joueur jusqu’au bout grâce à son ambiance réussie.
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